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Les communautés Transcription

Au Nouveau-Brunswick, on extrait des roches et on exploite des mines depuis très longtemps.  L’existence de l’affleurement de chert au lac Washademoak est connue depuis des centaines, probablement des milliers, d'années. Pendant longtemps, on utilisera la chaille et le silex, deux variétés de quartz, pour façonner des outils. Ces minéraux de quartz microcristallin se cassent facilement et sont tranchants, ce qui permet une grande variété d’utilisations. 

Quand les Européens arrivent au Nouveau-Brunswick dans les années 1600, ils se mettent à chercher les roches et minerais qui leur sont utiles. Le cuivre du comté de Charlotte et le charbon de la région de Minto figurent parmi les premières matières qu’ils extraient.  Quand Abraham Gesner devient premier géologue provincial en 1838, il doit avant tout explorer les richesses minérales du Nouveau-Brunswick. En 1864, Loring Bailey, professeur d’histoire naturelle et de chimie au Collège Kings, de l’Université du Nouveau-Brunswick, rédige un rapport sur les mines et minéraux du Nouveau-Brunswick. Les voyages qu’il fait dans le cadre de ce travail donnent une idée des activités minières passées et actuelles de la province. Ce rapport, un document fascinant sur l’état des activités minières au début des années 1800, aura des effets à long terme sur l’industrie minière.

Les travaux de Gesner datent alors de 25 ans et Bailey doit visiter beaucoup de nouvelles exploitations minières. Comme Gesner, il emprunte les routes et les voies navigables et note qu'il est très difficile de voir les affleurements rocheux vu qu’une grande partie de la province est couverte d'arbres. Malgré ces difficultés et le peu de temps dont il dispose pour mener à bien ses travaux l’été, Bailey réussit à voir une grande partie de la province.  Bailey commence son voyage au nord de la rivière Tobique, où il remarque des gisements de gypse, un minerai qu’il a déjà vu près d’Hillsborough. Près de Bathurst, il voit du cuivre au bord de la rivière Nepisiguit et des dépôts de manganèse près de la Tetagouche. Après avoir visité Bathurst, Bailey écrit « Je suis certain que la découverte de filières considérables de grande valeur serait la récompense d’une exploration minutieuse et intelligente de ce district. » L’avenir lui donnera raison. En effet, le gisement rendu célèbre sous le nom de Brunswick n12, près de Bathurst, va générer une production d’environ 20 milliards de dollars.

Plus tard, Bailey visite la mine d’antimoine de Prince William, une petite exploitation minière où on extrait de la stibine pour récupérer l'antimoine. Les puits de mine sont inondés et Bailey se désole en constatant tout le potentiel inexploité.  Dans le comté de Charlotte, Bailey voit les mines de cuivre de Wheal Louisiana et Letete. À Letete, le minerai est extrait à l’aide de bœufs et fondu sur place dans des cuves placées au-dessus d’un feu à l’air libre. Bailey visite également l'île Fryes pour voir les gisements de barytine, de fluorine et de chaux. Il se dirige ensuite vers l'ouest et passe par des mines de cuivre situées près du parc national Fundy, à la rivière Salmon et à Point Wolfe.

Bailey décrit les mines de graphite de Saint John, les mêmes que Charles Lyell avait remarquées en 1852 aux rapides réversibles. Bailey écrit que, en 1853, on avait exporté l’équivalent de 89 936 livres, mais qu’en 1864, les mines n’étaient plus exploitées. Il aperçoit les mines de fer de Woodstock découvertes dans les années 1830. Bien que la première exploitation ait fermé, la Woodstock Charcoal Iron Company rouvre le site en 1861. En 1863, l’industrie du fer est très active à Woodstock : 40 mineurs transportent du minerai depuis les mines à ciel ouvert jusqu’au haut fourneau.  Bailey visite aussi des gisements de molybdène près de St. Stephen, un minerai qui, encore aujourd’hui, fait l’objet d’explorations au sud-ouest de Mount Pleasant.

Dans le comté d'Albert, Bailey voit les ruines des mines de manganèse de Hopewell, à la montagne Shepody. Ces mines ferment en 1860 avant qu’on envisage de construire, près de là, une nouvelle usine de traitement de la chaux.  Non loin de là, les mines de charbon d’Albert, comme les appelle Bailey, sont une des rares exploitations minières florissantes et professionnelles. Bailey décrit les mineurs et la communauté. Ils extraient du bitume, qu’ils appellent ici albertite, et en expédient jusqu’à 18 000 tonnes. 

Tout près, dans la même structure géologique, Bailey visite l’exploitation Caledonian Oil Works dont il décrit le schiste et l’albertite à haute teneur en bitume. Bailey observe les débuts de l'industrie pétrolière au Nouveau-Brunswick et examine les mêmes roches qui sont encore explorées de nos jours pour le gaz naturel.  Au cours de sa longue carrière à l'Université du Nouveau-Brunswick, Loring Bailey rédige de nombreux autres rapports sur la géologie de la province.